8 milliards de personnes sur Terre, ça en fait du monde. Du monde qui étudie, qui travaille, qui suis ses rêves et ses ambitions. Du monde qui a ses valeurs, ses croyances et ses motivations. 8 milliards de personnes sur Terre, 8 milliards de récits et aujourd’hui on te fait découvrir une nouvelle histoire avec Unique, notre série qui met en avant des profils inspirants aux parcours passionnants.
“Benma c'est une marque de vêtements méditerranéenne je travaille un style très contemporain épuré, minimaliste tout en travaillant beaucoup sur les détails et structuré. Je m'inspire beaucoup de la nature justement de cette zone-là c'est-à-dire la végétation, la mer, des éléments naturels comme l'eau, le soleil j'utilise des matières justement très méditerranéennes en développant mes collections je m'inspire beaucoup de mes passions primaires en fait parce que j'ai toujours été passionné de peinture d'histoire, d'architecture et donc j'ai rassemblé toutes ces passions-là pour créer des vêtements.”
Avant de créer sa marque, Hedi évoluait bien loin du monde de la mode
“J'ai un parcours un peu particulier parce que je suis ingénieur informatique de formation et c'est pendant mes deux années de préparatoire que j'ai su ce que je voulais faire exactement. Et je me suis dit bon, je vais terminer mon cycle ingénieur après je vais attaquer ce que j'aime vraiment, et justement rassembler toutes ses passions dont je t'ai parlé c'est-à-dire la peinture, qui est ma première passion, ensuite l'histoire.”
Hedi décide ensuite d’intégrer une école de mode pour acquérir un peu plus de technique. En 2019, l’aventure commence officiellement pour lui.
“J'ai eu l'opportunité de participer à la Fashion week donc c'était la première opportunité, mon premier pas on va dire. Ensuite en 2019 j'ai décidé de lancer ma marque pour avoir mon propre univers, exposer mon propre univers et le partager avec une audience plus large et justement je l'ai lancé à travers la Fashion week de Tunis.”
D’ailleurs qui est cette audience à qui Benma s’adresse ?
“Je m'adresse à une cible qui cherche à se distinguer, à assumer sa force, mais aussi sa vulnérabilité. En fait je joue beaucoup sur ce duel dans mon travail. Donc c'est des gens qui cherchent des pièces authentiques qui ne suit pas nécessairement la mode, en tout cas la mode qui est instaurée par les grosses structures.”
Benma est une marque de slow fashion, qui se revendique éthique et éco-responsable.
“Ça se manifeste par rapport à ma relation avec mes couturières, avec tous les employés avec lesquels je travaille. Par rapport aussi aux tissus que j'utilise. Là, il y a aussi le côté éco-responsable. La plupart de mes tissus sont récupérés des usines ou bien tissés localement en Tunisie. Il y a aussi un autre volet c'est le volet artisanal. Je travaille beaucoup avec les artisans locaux Tunisiens, notamment les tisserons de fibres végétales, les maroquiniers et les tisserons de haïk aussi.”
La mode est aussi un art qui se prête à l’innovation. En collaboration avec son ami, Hedi utilise une matière innovante pour remplacer le cuir.
“C’était une collaboration avec un ami innovateur donc il a créé une matière qui pourrait être le substitut du cuir et qui est à base de ciment. Elle est étalée sur un support végétal aussi et donc c'est vraiment une matière biodégradable. D’ailleurs, je l'utilise souvent pour mes pièces artistiques et même pour en faire des accessoires.”
En 2021, Hedi marque le coup avec sa nouvelle collection Warrior, présentée à la Fashion Week de Tozeur, aux portes du désert Tunisien.
"En 2021 j'ai créé la collection Warrior qui était inspirée de l'histoire militaire de la Tunisie avec les différentes inspirations amazigh, carthaginoise, ottomane et bien d'autres, Arabes aussi. Et donc j'ai rassemblé toutes ces influences dans cette collection mais avec une sorte de de mélange harmonieux on va dire. Et sans pour autant avoir la lourdeur des cuirasses, du fer, des armures militaires. C'était plutôt léger. Mais j'ai gardé la structure, par exemple les épaules extra-larges. L'usage de la fibre végétale a renforcé ce côté Warrior. Cette collection était aussi un peu particulière parce que en fait il y avait un côté un peu narquois, moqueur... surtout par rapport à la situation politique de la Tunisie. J’ai profité de cette collection pour faire parvenir quelques messages parce que je crois que la mode, enfin en tout cas la mode que je fais, est engagée."
Par exemple, quel genre de message tu as voulu passer à ce moment-là ?
"On a tendance à trop magnifier, à trop montrer la gloire de l'histoire militaire et tout, et moi en fait je l'ai rendu un peu plus … plus rigolote on va dire ! Parce que y avait beaucoup d'humour quand j'ai développé les looks. Tu vois le côté fanfaron, le côté trop tape à l'œil, trop tapageur et tout. Je m'en suis un peu moqué dans cette collection. Mais j'ai fait toute une recherche, je suis allé visiter le ... et je ne savais même pas qu'on avait un, un musée militaire en Tunisie, à la Manouba. J'ai fait beaucoup de recherches, je suis allé directement dans les monuments historiques, pour développer cette collection."
En regardant autour de nous, notre regard s'est arrêté sur une super robe rouge. Hedi nous raconte l’histoire de cette création.
“Il y a beaucoup d'influences dans la robe. Il y a l'influence de 1830, ils appellent cette période, la période de Louis-Philippe. Les silhouettes de l'époque ressemblent beaucoup à celle-ci, je l'ai retravaillé. Et il y avait aussi d'autres inspirations comme la figure de l'aigle. On retrouve toujours le bec et la tête de l'aigle. Enfin, la couleur rouge était significative parce que la robe était dédiée pour Emel (Emel Mathlouthi) et en fait Emel a porté un manteau rouge à l'époque de la révolution sur l'avenue Habib Bourguiba, devant le théâtre. Et depuis, elle n'est jamais revenue donc quand elle est venue à Dream City pour sa performance, j'ai voulu qu'elle reporte ce même rouge au même endroit pratiquement, mais juste à l'intérieur du théâtre. Et elle aussi, ça l'a touchée en fait quand je lui ai expliqué…”
Pour en revenir à son parcours, Hedi a aussi participé à l’évènement Moodha Okhra (La mode autrement).
“J'ai participé à un programme d'upcycling. En fait le défi c'était d'utiliser des stocks invendus d'Indigo donc j'ai utilisé des pièces usées et j'en ai fait des vêtements qui soient vraiment portables, mais vraiment désirables. C'était pas l'upcycling très artistique, c'était des vêtements pour tous les jours. C'était aussi une occasion de me lancer officiellement dans l'upcycling. C'est une démarche très particulière. Et depuis, justement, j'ai toute une partie de ma collection qui est upcyclée.”
Ça rejoint en fait tous tes engagements et ta partie de marque éthique ?
“Tout à fait ! Ça renforce vraiment cet angle, cet engagement, cette éco-responsabilité que je voudrais aussi développer de plus en plus.”
C'est quoi d'être créateur de mode en Tunisie ? Comment le vit-on ?
“Je vais te raconter ma propre expérience, comment je l'ai vécue. Tout d'abord ça émanait d'une vraie passion, d'un vrai amour pour ce que je fais. Donc forcément j'y crois beaucoup, et donc il y a beaucoup de volonté, beaucoup de persévérance. Aussi, j'ai des objectifs, j'ai des ambitions, et petit à petit je suis en train de les atteindre. J'en ai certainement encore beaucoup qui ne se sont pas concrétisés et donc ça, ça me motive énormément à percer plus. Que ce soit donc dans le marché local en Tunisie ou bien en général, parce que j'aimerais bien aussi m'ouvrir sur le monde. Mais en tout cas par rapport à la Tunisie c'est encore tout petit, ce n'est pas aussi saturé qu'ailleurs. C'est un bon point, c'est assez prometteur en fait”
Pour s’ouvrir sur le monde, Hedi n’a pas vraiment pensé à l’immigration, mais n’exclut pas l’idée.
“L'immigration … pas vraiment. Je n'y ai pas vraiment pensé. Mais je n'exclue pas du tout cette probabilité. D'ailleurs, j'aimerais bien participer ou bien faire partie de certaines résidences à l'étranger, parce que je trouve que c'est très enrichissant et ça pourra être un début, un premier pas pour d'autres opportunités et pour m'ouvrir justement à l'international”
Enfin, on a demandé à Hedi s’il avait l’occasion de faire passer un message au jeune lui, qu’est-ce qu’il lui dirait ?
“Oh... quelle question !”
Est-ce que tu lui dirais d'abandonner la prépa ?
“Ah non non, moi je regrette pas du tout ! Je regrette pas du tout ce que j'ai fait... Ça serait d'avoir plus confiance en lui-même ! De croire en lui-même. C'est principalement ça en fait …”
Depuis notre tournage, Hedi a bien évolué, on a donc décidé de le recontacter pour prendre de ses nouvelles.
"Alors entre temps, j’ai enchaîné les collaborations, j’ai continué à habiller Emel Mathlouthi pour sa tournée mondiale. Mais l’évènement qui me tient à cœur le plus et qui a vraiment changé l’image de ma marque c’était le fait d’habiller Dorra Bouchoucha au festival de Cannes, pour la montée des marches. C’était une sorte de consécration en fait. "
Cet événement a en effet permis à Hedi de gagner en visibilité et de s’ouvrir encore plus sur le monde. Mais cela n’est pas sans challenges.
Dans un précédent épisode, avec Leila Ben Gacem, on évoquait les difficultés qu’avaient les petits créateurs à exporter à l’étranger.
"Je suis en train de subir ça oui. Il y a beaucoup de clients qui ne vivent pas en Tunisie, qui arrivent sur Instagram et flashent sur une des pièces. Ils m’envoient donc un message en privé. Pour l’instant j’essaye de me débrouiller avec les moyens du bord, donc j’envoie les commandes avec DHL et ils me payent avec Western Union. Parce que le système financier et banquier en Tunisie est vraiment contraignant."
Qui dit Western Union dit évidemment frais élevés.
"J’inclus en fait cette marge que prend Western Union dans le prix final."
D’un autre côté, Hedi espère décrocher une résidence artistique à l’étranger pour pouvoir s’ouvrir un peu plus sur le monde. C’est aussi un moyen de faciliter les procédures.
"Le visa reste le problème éternel"
Enfin, on a demandé à Hedi comment un artiste engagé comme lui vivait le contexte actuel.
"Moi je crois en la mode engagée et responsable. Que ce soit pour des messages politiques, par rapport à l’environnement ou pour d’autres causes comme la cause LGBT. Pour ce qui est de l’engagement politique, ça reste très délicat parce qu’on parle à un public assez vaste et donc il y a un risque qu’il soit susceptible. Mais personnellement je ne peux pas être neutre et ne pas prendre position, que ce soit implicitement ou de manière explicite. J’ai décidé de m’exprimer, que ce soit à travers mes créations ou sur mes réseaux sociaux. Je pense que les artistes en général, ont pour mission de participer à mettre la lumière sur ce qui est en train d’arriver dans le monde."
Hedi profite d’ailleurs de sa nouvelle collection hivernale pour faire passer des messages.
"Déjà elle est pratiquement toute noire, alors que j’utilisais jamais cette couleur. Mais là justement c’est une collection qui porte la couleur du deuil on va dire. Dans les doublures des vestes, il y a des messages aussi."
J'ai rencontré Hedi à ses débuts grâce à des amis communs. Ce qui m'a plu, c'est ce mélange étonnant entre sa personnalité réservée et la façon dont il donne vie à sa marque Benma. Ce qui m'a frappé le plus, c'est son engagement sans faille dans sa passion. Il ne se contente pas de créer des collections de vêtements pour exprimer sa créativité, il utilise la mode comme un moyen de promouvoir l'engagement et la responsabilité écologique. Une approche qui rend son parcours et sa marque unique. J’ai eu l’occasion de porter ses créations et je peux vous garantir qu’on s’y sent (très) à l’aise !
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