8 milliards de personnes sur Terre, ça en fait du monde. Du monde qui étudie, qui travaille, qui suis ses rêves et ses ambitions. Du monde qui a ses valeurs, ses croyances et ses motivations. 8 milliards de personnes sur Terre, 8 milliards de récits et aujourd’hui on te fait découvrir une nouvelle histoire avec Unique, notre série qui met en avant des profils inspirants aux parcours passionnants.
C’est autour d’un burger revisité à la marocaine, fait maison, que Fady nous a accueillis pour nous raconter son histoire.
«Avant je travaillais dans la finance et j'ai lancé ce projet en full-time, il y a maintenant six mois. L’expérience Tükôné vient du principe que la nourriture marocaine est riche et variée, mais très mal représentée à l’étranger. Donc à chaque fois, j’essaye toujours de prendre un grand plat classique Marocain, que je revisite avec une influence d’ailleurs.»
Si Fady est aujourd’hui très inspiré, c’est parce qu’il a eu la chance de grandir dans un environnement qui lui a permis de découvrir le patrimoine culinaire marocain.
«J’ai de la chance au Maroc on mange bien, on a un super patrimoine culinaire. Mes deux parents cuisinaient hyper bien, mon tonton est dans la cuisine, ma grand-mère était cheffe » explique Fady. « J’ai toujours eu mes doigts dans les casseroles de mes parents, petit, quand ils recevaient, donc on m'a souvent tapé sur les doigts aussi» nous confie-t-il.
Quand il était étudiant à Paris, Fady n’était pas un adepte des pâtes au beurre !
«Quand j'étais devenu étudiant je me suis mis a appelé ma mère pour lui demander ses recettes et à les refaire par moi-même. J'ai aussi beaucoup d'amour pour la culture asiatique, j'ai vécu en Thaïlande et Hong-Kong pendant un an. Depuis tout petit j'ai toujours regardé des mangas. Et ça me rendait fou les plats que je voyais à la télé. Toutes ces nouilles, ces trucs que je ne connaissais pas ! » nous raconte Fady.
Quand il a eu l’occasion d’aller vivre en Thaïlande, le jeune chef marocain était au plus près de sa passion, et la barrière de la langue n’était pas un obstacle pour lui.
« Quand j’étais en Thaïlande, je m’asseyais à côté des gens qui étaient dans la street-food pour essayer d’apprendre. Parce qu’ils ne parlaient pas anglais, je ne parlais pas thaïlandais. Donc j’essayais de comprendre comment ça marche, avec des mimiques. Et je trouvais que les goûts d’Asie allaient très bien avec les goûts du Maroc.»
Quant à son plus beau souvenir d’enfance par rapport à la cuisine, pour Fady, c’était sans doute le brunch du dimanche avec sa mère et son frère.
« Mon frère était à l’université à Ifrane et moi et ma mère on habite à Rabat. Donc tous les dimanches avant qu’il aille prendre la route, on se faisait un brunch. Quand tu penses brunch, en général, c’est egg benedicte, des croissants etc… Et chez moi ce n’est pas du tout ça ! C’était de la kfita, plein de salades marocaines, il y a un peu de fromage et des choses comme ça bien sûr. Mais c’est un brunch où tu avais des dizaines de plats, de l’italien, du marocain, du français… et c’est peut-être de là que vient Tükôné en fait !»
Maintenant qu’on sait comment est né Tükôné, on s’est plus intéressé au parcours de Fady. Jeune marocain, fils de parents diplomates, il a eu la chance de beaucoup voyager et nous raconte son expérience en Asie.
«Écoutes, l'Asie pour moi c'était vraiment une expérience qui m'a apporté beaucoup de choses, sur plusieurs plans différents. Premièrement c'est que, culinairement, c'est une cuisine qui me plaît énormément et dont je m’inspire beaucoup. Culturellement, j’ai toujours adoré l’art de là-bas. Que ce soit l'art moderne, les mangas les choses comme ça et un peu plus la philosophie bouddhique et autres. Et j’ai kiffé aussi aller chaque weekend dans des plages de malades, rencontrer des gens hyper intéressants, hyper internationaux.»
S’installer à l’autre bout du monde peut être un vrai défi pour certains, pour Fady, l’installation s’est passée tout en douceur.
«Pour le coup, l'installation en Asie était absolument sans challenge, en Thaïlande en tout cas. Vu que c'est quand même une culture du sourire et de la bienveillance, en leur montrant juste un tout petit peu de respect et d'intérêt, on te le rend mais au centuple. Les gens te sourient dans le métro. Tu vas croiser le regard de quelqu’un, il va sourire, que ça soit un homme ou une femme, moi aussi. Enfin… je souris à personne, même moi je ne me souris pas !»
Qu’en est-il de Paris ?
«Paris, je pense que nous en étant marocain de Rabat, on a de la chance, tu arrives ici tu as un million de potes qui ont fait un bac dans un lycée français et qui se retrouvent ici pour faire études supérieures. Donc tu as ton petit cocon d'affect qui est agréable. Même si c'est hyper important de rencontrer de nouvelles personnes, c’est quand même sympa de te dire j'ai mes potes que je connais depuis un moment, on a les mêmes valeurs, on a grandi ensemble, on a la même culture, le même référentiel.
Puis après, tu sais, culture marocaine et culture française c'est comme une amitié centenaire, même plus. Il y a quand même beaucoup de cercles communs, on n'a pas la barrière de la langue aussi. Tu arrives dans un pays où tu maîtrises déjà la langue, ça facilite les choses. Tu vas en Thaïlande, tu sais juste dire Sawatdii Khrap, c’est compliqué… Sawatdii Khrap ça veut dire bonjour»
Les voyages ont aussi beaucoup impacté Fady et sa façon de voir le monde.
«Grâce au fait que j'ai voyagé, je suis peut-être un peu moins bête que si j’étais resté au même endroit. Parce que je pense qu’importe la culture, si tu restes qu’avec des gens qui te ressemblent, tu n'apprécies pas la différence et tu ne t'intéresses pas à la différence. Or, on a énormément de choses à apprendre les uns des autres. Chaque voyage a forcément énormément de choses à t'apporter. Que ça soit dans ta tête, dans ta valise, sur ta peau, dans tes goûts, dans tes perspectives. Chaque voyage est bon à prendre, que ça soit dans la ville d'à côté ou le continent d’à côté.
Tu vois même dans des entreprises, les gens qui viennent du même endroit, qui ont fait les mêmes études, qui travaillent pour la même chose… Tu sais c'est un peu des petits copier-coller et c'est difficile de s'intégrer à eux parce qu’ils ne s’intéressent pas à toi et toi ce que tu peux leur apporter, ce qu’eux peuvent t’apporter. Ils voient la différence comme un problème. Mais c’est un peu ça la base du racisme aussi, c’est un peu la peur de l’autre, c’est une peur et toute peur est irrationnelle par définition.”
Pour conclure cette rencontre riche en découverte, on a demandé à Fady s’il avait l’occasion de faire passer un message au jeune lui, qu’est-ce qu’il lui dirait ?
« Ouh… elle est dure celle-là ! J’ai plein de choses à lui dire: kiffe ! Kiffe ! J’ai beaucoup kiffé. Continue à kiffer. Aie foi dans ton intuition. Pour tout ! Tu sais quand tu fais de l'entrepreneuriat, ou tout, dans tes choix, la frontière elle est toujours assez fine et complexe entre avoir confiance en soi et la prétention. Il faut que tu croies dans tes rêves pour que les autres puissent te suivre. Et tu es le premier investisseur en toi-même entre guillemets. Crois en toi et fonce et tout va bien se passer. Tu vas te retrouver chez Wework à parler avec Emna pour Slide Money 10 ans après.»
Note de Emna:
“Je vais te prendre un Kiff, des falafels et une tuktuka s'il te plaît”, c’est un des premiers messages que j’ai envoyé à la page Instagram Tükôné en janvier 2022. Livrée par le chef en personne, c’était l’occasion de revoir Fady à Paris ! Il me raconte rapidement qu’il était de retour en France après un séjour en Asie et qu’il avait laissé tomber la finance pour suivre sa vraie passion: la cuisine. “Quel fou” j’ai pensé. Quand j’ai commencé à réfléchir au projet Unique, c’était une des premières personnes à laquelle j’ai pensé. Je me suis beaucoup retrouvée dans l’histoire de Fady, notamment le fait qu’on a tous les deux vécu dans plusieurs pays différents. Mais ce que j’aime le plus, c’est qu’il a osé suivre sa passion ! (et que son kiff est vraiment délicieux)
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